L’ÉTRANGE CARNAVAL DES OLIBRIUS

Ce n’est qu’après deux lunes d’observation que les explorateurs intrigués furent témoins des premières effervescences. Semblant affluer de tous points, des foules au rythme ralenti avaient suivi le chemin de nuages iridescents jusqu’à un lieu de ralliement. Dans une atmosphère magnétique, l’attente avait épaissi jusqu’à sembler figer le temps.

Et puis, d’un entre-deux-azimuts bizarrement indéterminé, s’était soudainement propagé un brouhaha de type festif (quoiqu’encore non répertorié). Il annonçait ce qui allait suivre : du bout du bleu, d’abord lentement, plus plus vite, parfois sautillant, s’avança un défilé tumultueux dont le désordre ostensible voilait les subtiles orchestrations. Un Limonaire d’exaltation, précédait d’un bon pas un Épouvanteur de vantardise, lui-même suivi de peu par un Zygoptère d’indécision. Juste derrière, un Turlupin de désinvolture faisait mine de zigzaguer, tandis qu’un Enjoliveur de résignation cédait parfois la priorité au Pavaneur de sous-estime…

Le spectacle était captivant. Le reste le fut plus encore. Au passage de ce qu’ils désigneraient, en rentrant, comme l’Étrange carnaval des Olibrius, les observateurs médusés virent des membres de l’assistance se mettre à léviter. Il leur apparut manifeste alors que ce flottement collectif parvenait à neutraliser les forces de la gravité.